Témoignage : achat d'une 964 C4 de 1990
Date: 24 November 2003 à 21:49:08 CET Sujet: 964
Découvrez le témoignage de Nono2 concernant l'achat de sa 964 C4 .
Depuis tout petit, je voue à l’automobile un attrait particulier, surtout lorsque j’ai pu
me mettre au volant de la première BM de mon pater, une 2002 tii (pas pour la conduire mais
pour faire semblant au moins ;-)
J’ai depuis mon permis de conduire et quelques ratés de jeunesse changé assez souvent de voiture et ma Volvo
actuelle est ma 21ème. Au début, c’était plutôt des petites citadines genre 104, Fiesta, Punto, etc.
Et un jour, j’ai fait l’acquisition de ma première petite sportive, une 106 XSI que j’ai fait passer dans
les mains expertes du préparateur Ruggeri (pour ceux qui connaissent). Résultat, 115 cv pour 765 kilos,
un son grave en bas et des envolées lyriques jusqu’à 8500 tours (jamais retrouvé cette sensation jusqu’à
présent). Et puis un jour, j’ai eu l’occasion d’essayer cette voiture sur circuit, à Folembray plus précisémment
où je me suis vraiment fait plaisir et où mon passager lui n’en menait pas large (cela dit, ça fait souvent ça
lorsqu’on ne conduit pas)… Ca été pour moi une sorte de déclic.
Les Porsches n’étaient alors qu’un doux rêve inaccessible que j’ai pu admirer de plus prêt lorsque
j’ai fait la connaissance de Doc. Ce Porschiste plus que passionné cherchait alors assidûment une 993 4S.
Il épluchait les petites annonces, comparait les prix, les options, les couleurs, partait en essayer même à
l’autre bout de la France et revenait à chaque fois bredouille. Faut dire qu’il est patient le Doc et qu’il
recherche la perle rare. Mon budget ne me permettant pas à l’époque de franchir le pas, je révais moi aussi
doucement en contemplant sa belle aux hanches épanouies lors de son acquisition. Et ce moteur, dans un parking
en sous-sol en plus, je vous raconte pas…
Plusieurs années plus tard, je suis désormais en Suisse, nous bossons dans le même bâtiment
à un étage de différence et son pouvoir télépathique continue de faire son effet. La passion est
comme un virus amical qui se transmet par les oreilles, le son du flat 6 provocant un sentiment
inexplicable pour quelqu’un pour qui un moteur se trouve à l’avant et ne sert qu’à faire avancer les quatre roues…
Une première sortie dans le Vercors en novembre 2002 me permet de mettre davantage le pied dans le petit
monde des Porschistes et du Club911.net en particulier. Excellent souvenir et opportunité pour moi de me
mettre au volant de la 4S et de rouler un peu plus d’une heure. Et là, c’est fini, c’est comme la cigarette
ou pire, la cocaine (quoique je n’ai jamais essayé) voire même le sexe… L’accoutumance a commencé à mon insu.
Je plonge…
Bref, après encore quelques changements de moyens de locomotion (en conservant cette fidélité aux marques allemandes),
je décide de franchir le pas en essayant une 964. C’est le modèle qui se trouve être le plus adéquat en terme de budget
et je trouve que ses yeux de grenouilles reflètent parfaitement l’image des premières 901 alors que les modèles d’après
sont encore trop modernes à mon goût.
Dans la mesure où je vis dans un pays où l’on roule 6 mois de l’année avec des pneus
neiges, je cherche donc une Carrera 4. Et j’en trouve une ! Chez Gurtner Motorsport, partenaire et ami du propriétaire
de Mecacomponents (tous deux spécialistes Porsche), pas très loin de Lausanne qui en a une noire avec 192000 kilomètres,
les jantes Cup, bon état, l’intérieur également et qui n’a fait que de l’autoroute. Le carnet est complet et on
me fournit les factures. Que demander de plus ? Un essai, bien entendu, qui va se faire scéance tenante et c’est
Doc qui prend le volant. La voiture semble saine, moteur, freins, direction, tout semble marcher correctement.
Il fait beau, le sol est sec, les pneus quasiment lisses mais ça va. Doc me passe alors le relais et c’est parti.
Tout est plus dur. Même comparé à la 4S. C’est ma deuxième expérience en 911… Et je ne vais pas être déçu.
J’accélère un peu le rythme, elle semble manquer de puissance mais au delà de 4000 tours, elle répond présente.
Et là j’arrive sur un virage vers la droite un peu serré. Je n’ai bien sûr pas vu le panneau virage dangereux
juste avant et l’incident se produit alors, elle commence à survirer dans le virage. Des voitures arrivent en face…
Avec le recul, j’avoue ne pas me souvenir exactement de ce que j’ai pu faire alors. Sans doute est-ce un lacher
d’accélérateur qui a fait partir l’arrière… Toujours est-il que je tente de rattraper le coup en contre-braquant
mais avec le mauvais réflexe de freiner. La voiture tape alors une petite bordure, embarque un poteau en bois de
50cm de haut et le socle en béton fini de parachever les dégâts. La voiture est maintenant au bord d’un champ et
une douce fumée s’échappe du dessous de la voiture.
C’est le blé coupé en bordure qui prend feu avec la chaleur de
l’échappement. Je réussis tant bien que mal à remettre la voiture sur le bord de la route et le garagiste arrive
avec son Cayenne suite à mon coup de fil. Les dégâts ont l’air réduits, le pneu est crevé, la pare-choc en partie
détruit mais le reste à l’air d’aller. Doc qui était passager ne parle pas, il me dira plus tard ne pas avoir compris
ce glissement mais c’est un ami et il ne m’enfonce pas.
Je ramène la voiture au ralenti jusqu’au garage à 500 mètres et je m’arrange avec le garagiste pour
qu’il fasse une estimation des réparations et voir ensuite ce que l’on décide. La semaine suivante,
il me fait venir au garage et me montre la voiture montée sur un pont, sans son pare-choc avant et sans
ses roues. Le choc est visible et le socle en béton de la borne a laissé des traces sur le plancher de
la grenouille jusqu’au pot d’échappement. Le fond plat arrière est mort, le pneu crevé n’est que dégonflé à
cause de la déformation constatée sur la jante, le triangle a tapé vers l’arrière sur le chassis, sans parler
du radiateur de clim qui est mort, etc, etc. Le démontage du fond plat me permet de vérifier le défaut de
jeunesse des premières 964, le bas moteur suinte.
Bref, Philippe Gurtner m’annonce d’emblée la couleur, il y en a au bas mot pour environ 16000 francs suisses
(un peu plus de 10000€) de réparation. En fait il compte large avec des pièces neuves et inclus le changement
de crémaillère de direction.
La perte de contrôle d’un véhicule étant synonyme de retrait de permis en Suisse et ne souhaitant surtout pas
me faire remarquer, la police n’est pas prévenue comme c’est souvent le cas et l’affaire se résoudra à l’amiable.
Le couperet a laissé des traces et pour longtemps, à tel point que j’ai eu une certaine appréhension lors de la
sortie au Mont Ventoux et l’accélération du rythme imposé par Doc.
Bref, j’en parle autour de moi, je me renseigne au club et je finis par décider de faire réparer la voiture en
France en me débrouillant pour trouver les pièces moi-même. Ce qui signifie que je dois alors acheter la voiture.
Après discussion, le prix de vente passe de 29000 CHF à 26000 (soit environ 16500€). Je prévois dans les 6000€ de
budget réparation, ce qui fait une 964 à un peu plus de 22000€, ce qui reste dans mes moyens.
La voiture est amenée au mois d’août de cette année chez Gilles Morel de la Belle Epoque (il a parfaitement
réussi la restauration de la 2.4 de Philippe) et après plusieurs mois de recherche de pièces (merci à ASD à
Bordeaux, à German Auto Center et à Pierre de RA911 ainsi qu’aux membres du club qui m’ont fourni certaines
pièces à bon prix comme Bruce964, Patrick123 et RUF964). Finalement, je m’en tire pas trop mal étant donné
les circonstances. Les différentes pièces sont trouvées d’occasion par moi et par Gilles aussi comme la traverse
de direction ou encore le pot d’échappement arrière…
Je suis l’avancement des travaux quitte à faire du harcèlement et les choses suivent leur cours.
Le mariage de ma sœur en région parisienne me permet de récupérer des pièces, de les ramener à
Belleville où je peux constater que ma grenouille reprend vie.
Les réparations sont terminées, le budget légèrement dépassé mais il reste serré étant donné la
nature des réparations et le temps est venu pour moi et la rappatrier en territoire Helvétique.
Rendez-vous est pris avec Gilles vendredi 31 octobre et Philippe Gurtner se propose de m’aider à la ramener
en utilisant son Cayenne et une remorque adaptée. Ça m’évitera de louer une dépanneuse comme à l’aller et on
passera plus facilement la douane. J’arrive chez Mecacomponents vers 6h du matin, il fait encore nuit, je passe
devant une Murciellago à qui l’on a ôté le pare-chocs avant (voiture de location régulièrement abîmée) et surtout
une 993 targa complètement détruite suite à un choc frontal. Pour le reste, c’est toujours l’emmerveillement :
plusieurs 2.7 RS, une 356, une Aston Martin (celle des premiers James Bond), une Formule Renault, une 993 GT2
préparée, j’en passe et des meilleures.
Arrivée à Belleville, la voiture est éclatante, Gilles ainsi que le carrossier ont fait du bon boulot, j’en
ai profité pour faire remplacer les rétros « télé » par des Cup, je retombe sous le charme. Elle est vraiment
belle et je ne regrette rien, d’autant que l’accident va calmer mes ardeurs.
La douane posera quelques questions mais sans plus. Ça y est, la belle est en Suisse, toujours sans plaques.
Elle doit passer l’expertise du Service des Automobiles (sorte de Contrôle technique un peu poussé) après la
pose de 4 Pirelli Rosso tout neufs et une fois les plaques posées, j’en profiterai pour faire monter le volant
Ruf que Philippe Gurtner possède dans sa vitrine ainsi qu’un pot Cup.
J’attends maintenant la réception de ma titine la semaine prochaine et je suis comme un vrai gamin !
Par ailleurs, je me suis inscrit avec Doc à la sortie circuit de l’Ecurie Ferdinand à Lurcy Levis afin de
mieux comprendre son comportement et de mieux savoir comment la maîtriser. Et comme Gilles confirmait
qu’elle manquait de puissance (sans doute trop d’autoroute en 5ème), cela permettra de la débrider en partie.
En tout cas, je remercie tout le monde pour le soutien, la bonne humeur, cette passion pour
les grenouilles et je vous dis à très bientôt pour une prochaine sortie.
yvette
|
|
|